Des limites de la virtualité

 

L'immortalité, selon Milan Kundera, c'est lorsque des gens que l'on ne connait pas, eux , nous connaissent.

 

 

Sur le net, on « rencontre » des gens, on échange avec eux. On ne les connait pas vraiment, bien sur, et on ne les rencontre pour la plupart jamais. Malgré tout dans la masse innombrable des gens que l'on « croise », il en est que l'on reconnaît. Oui, innombrable, sur un forum, combien de personnes peuvent écrire de messages que vous parcourrez juste une minute ? c'est une personne réelle, on a comme écouté sa conversation, même si on n'y participe pas.  Il en est qui nous touchent, aussi, avec qui le courant passe. Le plaisir de la rencontre, donc, virtuelle.

Non on ne se rencontre pas : on ne se voit pas. On ne connaît pas les traits de son visage, le son de sa voix.

 Couleur de cheveux ? Non, couleur de police...

De blog en blog, de forum en forum la  « blogosphère » nous livre ses personnages, personnalités... des connaissances ou des amis.

Des « Copinautes » ou simplement « la fille qui a ce blog... l à... tu sais bien... »

Ainsi, j'ai « croisé » Johanne, sur mon forum à moi, celui ou je peux péter mes cables et délirer avec Prana, notamment -mais où est sunny d'ailleurs ? Shallan ?...Oui, elles ont des nom bizarres mes copines du net. Johanne, c'était babyo, du nom de sa boutique du net, produits pour bébés nature... Et puis Johanne est tombée malade. Nous avons toutes été plus ou moins bouleversées. Et puis Johanne a commencé son blog... et toutes nous sommes allées prendre de ses nouvelles, régulièrement ou moins, constituant son « roc », toutes et tous assis dans « la chambre d'à côté » pour lui soutenir le moral. Je n'ai pas souvent mis de commentaires sur son blog, il était bien largement peuplé, de gens me semblait-il plus proches d'elle.

Mais quoi, Johanne, je ne la connaissais pas.

Mais je la connaissais, en même temps.

Etrange, non ?

Sur le blog de Johanne, des liens... un lien en particulier vers le blog d'une autre malade, d'un autre combat.

Noa.

Je vous laisse y aller voir pour comprendre ce qui chez cette jeune fille battante pouvait accrocher ma sympathie.

 

De lien en lien, de billets en billets, de messages en messages, on finit tout de même par avoir ce sentiment de reconnaissance. Comment connaître quelqu'un sans le voir ? Comment reconnaitre quelqu'un qu'on ne connaît pas ? Comment se rencontrer par écrans interposés ? Et pourtant cela arrive.

La rencontre peut juste se faire à sens unique : on peut connaître quelqu'un par son blog, ses commentaires, son site, sans jamais lui faire signe de vie...

C'est étrange, vraiment.

Alors, lorsque Johanne nous a quittés, j'ai été remuée, vraiment.

Et lorsque Noa, cette semaine, a rendu les armes, j'ai ressenti une authentique tristesse.

Des gens qui ne me sont rien.

Oui, la virtualité a ses limites.

La limite des Vrais Gens, derrière leur écran...

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